Impliquée dans la vie artistique
niçoise dans plusieurs domaines, Lëya est
modèle photo depuis 3 ans, en parallèle
de ses activités de comédienne et d'effeuilleuse
burlesque. Avide de rencontres et de découvertes,
elle explore l'univers de différents photographes
de la Côte d'Azur et d'ailleurs, travaillant son
image pour interpréter les différents
personnages imaginés par les artistes avec lesquels
elle collabore. |
Crédit Photos
© Eric Marrian, Brut Art, Olivier Gé.,
Pixelles, Orlane Lou Paquet, François Vendiol,
Quentin Deschamps, Paul Von Borax, Vincent Chambon,
Fabrice Dang, Le Turk |
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Entretien réalisé par nuexpo.com
1. Pourquoi avoir choisi de
devenir modèle?
J'ai commencé la photographie
en tant que modèle en 2012, plus ou moins par
hasard. J'avais subi un choc assez grave suite à
une agression, et le traumatisme a entrainé une
violente perte de poids qui a elle-même entrainé
de nombreux problèmes de santé. Petit
à petit j'ai perdu le contrôle de mon corps,
qui est devenu une vraie source de souffrance. Il ne
m'obéissait plus et ne me ressemblait plus, devenu
une vulgaire enveloppe dont j'étais prisonnière.
J'ai alors eu l'idée de me confronter à
cette nouvelle image au travers d'une séance
photo. J'ai donc contacté un photographe dont
les travaux faisaient écho à ma situation
et je lui ai raconté toute mon histoire. C'est
comme ça que j'ai fait ma première séance,
dans un but tout à fait personnel et thérapeutique.
Je l'ai vécue comme un réel exorcisme.
Les photos parlaient d'elles-mêmes, racontant
tout ce que j'avais besoin de dire sans parvenir à
l'exprimer. Et surtout, pendant que je posais, j'avais
à nouveau le contrôle de mon corps. Il
n'était plus un fardeau mais un outil fabuleux,
un pinceau avec lequel je peignais mes émotions.
Ravie de cette expérience, j'ai souhaité
la poursuivre et je me suis créé mon book,
suite à quoi tout s'est enchainé. Depuis
cette activité est devenue non seulement ma passion,
mon gagne pain,
et plus encore un véritable mode de vie.
2. Pourriez-vous décrire
une séance photos ?
Je pose principalement pour des artistes,
des personnes qui ont déjà leur propre
univers et une idée plus ou moins précise
de ce qu'elles attendent de moi. Avant une séance,
je tente toujours de faire connaissance avec la personne
qui est de l'autre côté de l'objectif,
ce qui me permet d'être plus à l'aise,
de comprendre ce qu'elle attend de moi, et de m'imprégner
de son univers et de ses intentions photographiques.
J'essaye ensuite de me mettre dans la peau des personnages
que l'on m'a décrit ou que je m'invente, de leur
attribuer une attitude, un ressenti, tout en essayant
de penser au côté technique comme bien
prendre la lumière, mettre son corps en tension,
imaginer ce que la personne voit derrière l'objectif.
J'ai la plupart du temps une assez grande part de liberté,
alors je me permets d'apporter ma petite touche personnelle,
parfois en suggérant des idées, parfois
simplement dans mon interprétation. Il me semble
que poser est assez proche de jouer la comédie,
alors je m'appuie sur les choses que j'ai apprises en
théâtre pour donner vie à mes personnages
et une âme à chaque cliché. Je pense
que c'est un des fondements de la photographie. Autant
la question esthétique est parfois discutable,
autant il me parait essentiel que les images provoquent
diverses émotions. Il m'arrive parfois de me
laisser complètement aller en toute fin de séance
et de faire un peu n'importe quoi... Et ce qui est amusant,
c'est qu'il en sort souvent des choses intéressantes.
3. Quel(s) type(s) de photo(s)
aimeriez vous faire ?
Je ne crois pas qu'il y ait un style
de photo que j'affectionne plus qu'un autre. En fait
ce que j'aime, c'est la diversité, c'est jouer
les caméléons. J'apprécie autant
les photographies issues de séances improvisées,
sans que l'on ai parlé de ce qu'on allait faire,
ou très peu, que les séances à
thème, ou encore les projets bien définis
avec parfois toute une équipe qui travaille dessus.
J'aime les séances en studio parce que l'on peut
y créer à peu près toutes les ambiances
possibles et imaginable, étant donné qu'on
a plus de maitrise du lieu et des conditions. Pourtant,
j'aime aussi celles en extérieurs, ou l'on est
d'avantage soumis aux caprices de la nature, où
il y a toujours une partie aléatoire qui oblige
à s'adapter aux conditions et permet de s'inspirer
de la beauté des paysages pour créer des
images uniques.
4. Etes-vous plutôt noir
et blanc ou couleur ?
Là encore c'est très
compliqué de choisir. Je crois que cela dépend
en partie des personnes avec lesquelles je collabore.
Selon le style de chacune, le noir et blanc ou bien
la couleur parait plus pertinent. Sans doute que le
sujet abordé joue également. Pour les
portraits par exemple, j'ai une affection particulière
pour le noir et blanc. Je trouve que cela donne souvent
une intensité que l'on peut éventuellement
perdre avec trop de couleurs. Avec le noir et blanc
on se concentre d'avantage sur les traits du visage,
le regard. Les couleurs en revanche, me semble plus
adaptées pour de grandes mises en scène
assez riches en décor, accessoires, etc... Cela
met en valeur les divers éléments qui
composent la photographie et permet de diriger l'attention
exactement là où on le souhaite.
5. Avez-vous des projets autour de la photo ?
Je compte tout d'abord continuer
à multiplier les collaborations. J'adore les
rencontres, et je me déplace beaucoup pour pouvoir
travailler avec des gens très différents
éparpillés un peu partout. J'ai également
rassemblé plusieurs artistes au cours d'une exposition
il y a quelques années. Le but était de
montrer les différents regards que l'on peut
avoir sur une même personne, en l'occurrence moi-même,
et les différentes facettes que l'on peut en
exploiter. Le concept avait plutôt bien fonctionné
et cela me plairait d'en faire une nouvelle édition,
peut-être en mettant côte à côte
différents modèles en plus de divers photographes.
L'idée de passer un peu de l'autre côté
de l'objectif est aussi assez séduisante, et
en ce moment j'essaye de rassembler un peu mes idées
pour imaginer ce que j'aurais envie de faire avec un
appareil photo entre les mains.
6. Y a t-il une question que nous ne vous avons pas posée et à laquelle vous souhaitez répondre ?
Une question, non mais j'aimerais
ajouter un petit mot au sujet des personnes qui travaillent
dans le milieu de la photographie. Les gens ont souvent
beaucoup d'idées préconçues sur
les modèles qui sont nécessairement des
personnes narcissiques et plutôt légères,
les photographes qui sont tous des pervers, et le monde
de la photographie d'une manière générale.
Personnellement, en trois ans de photographie où
je me suis retrouvée dans à peu près
toutes les situations, y compris des pas très
rassurantes à priori, je n'ai pourtant fait que
de belles rencontres. J'ai découvert des gens
à la sensibilité exacerbée, avec
des qualités humaines hors du commun, et une
faculté toute particulière à voir
la beauté de chacun et dans chaque chose. Ce
n'est pas facile de vivre de sa passion, et les personnes
qui travaillent dans ce milieu se donnent énormément
de mal pour créer des visuels originaux. Découvrir
ces personnes, c'est une très belle expérience,
et je suis heureuse d'avoir la chance de la vivre.
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